L'haptonomie est entrée dans ma vie il y a plus de trente ans. Je l'ai proposée comme préparation à l'accouchement et dans le cadre du suivi postnatal (de la naissance à la marche). Cette approche qui vise à faciliter l'autre à être soi-même m'a immanquablement confrontée à mes attitudes comme maman. C'est pourquoi, avec le temps et les années, je me suis remise en question comme maman et comme professionnelle. Je me suis informée, je me suis formée à différentes approches et cela m'a permis de transmettre ces notions à de nombreuses familles.
Les compétences des bébés, déjà bien avant de naître, sont tout à fait incroyables. Notre façon de nous occuper des enfants est teintée de nombreuses théories qui ont été inculquées au cours du temps à la population, par des plus ou moins "experts", plus ou moins scrupuleux. Ces "expertises" qui pèsent encore lourd aujourd'hui, ("laisse-le pleurer, ça lui fait les poumons", par exemple) datent d'une époque où l'on méconnaissait le fonctionnement du cerveau des bébés et des enfants. Les neurosciences, actuellement, nous permettent de comprendre bien des choses et de réaliser que plusieurs des conseils donnés par nos aînés ne sont pas du tout bénéfiques pour le développement des bébés, des humains tout simplement. Et cela n'empêche malheureusement pas certains soit-disant "experts" actuels de refiler leurs théories foireuses via les réseaux sociaux, notamment.
Bien sûr, il ne faut en vouloir à personne. Les parents font au mieux de leurs connaissances du moment et nombre d'entre eux doivent lutter contre leur propre intuition, leur ressenti, pour appliquer ces consignes qu'ils pensent être les meilleures pour leur enfant (je pense, entre autres, au fait de laisser pleurer les bébés seuls dans leur chambre,...). De plus, beaucoup de parents se retrouvent aux prises avec un entourage, certes bien intentionné, mais très souvent culpabilisant et infantilisant, se permettant de leur dire ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire. Bien souvent, cela va à l'encontre de ce que les parents jugent adéquat pour leur bébé, mais le doute est semé dans leur esprit et il domine complètement les élans du coeur.
Et pourtant, le coeur des parents sait....
Je vois aussi beaucoup de mamans qui portent beaucoup leur bébé parce qu'elle sentent qu'il en a besoin et qui se retrouvent dans une situation délicate parce que leur conjoint ou la famille, leur entourage n'est pas d'accord et la critiquent en projetant les pires choses pour leur enfant plus grand.
Les bébés ont besoin d'être rassurés. Ils ont besoin de sentir la présence en proximité de leur maman ou de leur papa (ou autre parent). Leur développement neurologique ne leur permet pas une auto-régulation comme celle qui est possible pour un enfant bien plus tard. Un bébé ne fait pas de caprices. Un bébé est incapable de manipulation telle que nous l'entendons. Si un bébé s'arrête de pleurer quand on le prend dans les bras, c'est tout simplement parce que ce geste répond à son besoin. Il n'y a a aucune "manipulation" de sa part! Vous pouvez écouter un podcast de La Fronde, auquel j'ai participé, sur ce sujet ici.
Et c'est dans ce contexte que l'on évoque la notion de motricité libre.
Késako?
Un bébé, en se développant, va évoluer une étape à la fois. C'est notamment important dans l'évolution des réflexes archaïques. Ceux-ci, déjà présents dans la période intra-utérine permettent au bébé de passer de mouvements "réflexes" à des mouvements intentionnels et coordonnés (pour plus d'information, cliquez sur le lien).
Pour chaque réflexe qui s'intègre, il y a un chemin, et cela se fait dans un certain ordre. C'est pour cela qu'un bébé va d'abord se tourner avant de s'asseoir, par exemple. Si cet ordre n'est pas respecté, certains réflexes peuvent être mal intégrés. Le passage à l'étape suivante sera perturbé.
Et cela risque d'avoir des répercussions ensuite dans la vie de l'enfant (et de l'adulte) que bébé devient. Je vous invite à cliquer ici pour en avoir un aperçu, c'est un extrait de formation où Paul Landon "joue" les problèmes que peut vivre un élève dont les réflexes sont mal intégrés (beaucoup s'y reconnaîtront peut-être... ).
De plus, le bébé va explorer ses capacités, nouvelles chaque jour, en y mettant le temps dont il a besoin. Ce n'est pas pour rien, par exemple, qu'il fait tomber un objet sans arrêt, au grand dam du parent qui s'en occupe. Il n'a aucune malice en faisant cela, mais il essaie de comprendre ce qui se passe. Le bébé, aux prises avec la pesanteur qui, dès la naissance, lui fait perdre des compétences qu'il avait dans le liquide amniotique, va notamment expérimenter l'équilibre. D'abord l'équilibre de la tête, ensuite celui du dos, en descendant progressivement. Ensuite, il cherchera des appuis et va recommencer encore et encore le même mouvement pour bien évaluer ce qu'il sent, ce que fait son corps. Il va ramper, marcher à quatre pattes, puis va commencer à se redresser sur les genoux, sur les pieds avec un appui des mains et il va "sentir" son équilibre, le tester, tomber, recommencer. Ses pieds vont petit à petit être capables d'ajuster leur position pour permettre une station debout avec appui, ensuite sans les mains et puis la marche (seul). La position assise peut venir seulement après, cela dépend des enfants.
Il est donc essentiel de respecter chaque étape pour que bébé puisse aller à la suivante. Je vous invite aussi à aller voir cette conférence de Michèle Forestier que j'aime donner en référence car elle est très claire et bien illustrée.
Mais j'aimerais y ajouter quelque chose, pour en revenir à l'haptonomie. C'est la présence à l'autre et c'est encore plus important avec bébé car c'est ce qui va lui donner la sécurité affective, sa sécurité de base, qui lui permettra d'oser certaines expériences, certains mouvements. De plus, dans la façon de porter le bébé quand on le prend de son berceau, de la table à langer, qu'on le dépose, qu'on le donne à quelqu'un d'autre, etc... lors de la période postnatale, en haptonomie, on va être attentif à faire ces gestes du quotidien de manière à être en contact affectif avec le bébé et, par la présence et le geste fait "ensemble", à toujours lui laisser le choix de participer ou pas au mouvement. On va aussi le prendre et le déplacer de telle façon qu'il puisse sentir, dans tout son corps, le mouvement proposé. Vous pouvez aussi lire les articles du blog ici, et ici . Pour être ainsi avec bébé, il faut aussi beaucoup l'observer pour s'assurer qu'il est dans le contact avec vous. Un bébé se fatigue très vite et il va vous le montrer parfois clairement, par exemple en détournant le regard, parfois plus subtilement et ce sera à vous de décoder son message. N'oubliez pas, dans la présence, avec le coeur, les parents "savent".
Donc, comme parent, autant que comme professionnel, soyez attentifs au bébé à ses besoins, à son évolution, à ses émotions. Soyez présent à lui, vraiment, et cela peut commencer déjà pendant la grossesse. Ne vous laissez pas embarquer par les injonctions surannées qui parlent d'éduquer (ce n'est pas un chiot) ou d'élever un enfant (ce n'est pas un mouton ou un veau). Un bébé est une personne, en devenir, certes, mais un humain avec toutes ses compétences liées à son âge et ses besoins. Le besoin affectif est aussi important que celui de manger ou de boire. Ecoutez votre coeur, sentez les choses, soyez présent, pleinement, plein de bienveillance et de contenance pour ce petit être en plein chamboulement à chaque instant.
Vous verrez, cela vous rendra aussi plus heureux!
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